« Mon histoire débute un matin de l’été 1987 à Tchirozérine, une petite ville située à 73 km au Nord-Ouest de la ville d’Agadez. Tchirozérine est connue pour son usine de production d’électricité à partir de la houille (communément appelée charbon minéral ou charbon fossile), exploitée par la Société Nigérienne du Charbon d’Anou Araren (SONICHAR SA).
Elève de ma mère dès l’âge de deux ans au jardin d’enfants, j’ai rejoint l’école primaire Anou Araren à l’âge de 7 ans, où j’ai réalisé tout mon cursus scolaire de base I. A l’obtention de mon certificat d’études primaires, j’ai intégré le CEG (Collège d’Enseignement Général) de Tchirozérine. Suite à l’obtention de mon brevet d’étude du premier cycle, j’ai opté pour le concours du Lycée d’Excellence de Niamey. Les résultats s’avérant positifs, je me suis embarqué pour trois années d’aventure sur la rive droite du fleuve Niger. »
Le Lycée d’Excellence de Niamey
« Trois magnifiques années ! Trois années au cours desquelles, j’ai côtoyé des jeunes nigériennes et nigériens très brillants venant des quatre coins du Niger. Il faut croire que le Lycée d’Excellence de Niamey n’est pas seulement une école, c’est aussi une famille : on se découvre le premier jour et on se méfie les uns des autres (concurrences scolaires obligent !), ensuite on galère ensemble, on bosse ensemble, pour finalement triompher ensemble. J’avoue que ce climat de fraternité, d’une part, et de persévérance collective, d’autre part, a fortement contribué à ma réussite scolaire, aussi bien au Lycée d’Excellence qu’après le lycée. Permettez-moi de rendre ici un hommage mérité à toute la promotion 9 LEX. »
La Faculté des Sciences et Techniques d’Errachidia (Maroc)
« Mon baccalauréat en poche, je me suis envolé avec certains de mes frères de la terminale C pour le Maroc. En effet, à l’obtention de mon bac, j’ai bénéficié d’une bourse de coopération Nigéro-Marocaine (gérée à l’époque par l’ANAB), afin de poursuivre mes études en maths – informatique – physique à la Faculté des Sciences et Techniques (FST) d’Errachidia. Le choix de poursuivre notamment vers les mathématiques et la physique était étroitement lié à mon cursus lycéen orienté vers les matières scientifiques. Il faut noter que dès mon plus jeune âge, mon rêve était de devenir ingénieur : quoi de plus naturel quand on a grandi au sein d’une cité industrielle ? »
L’Ecole Nationale de l’Industrie Minérale de Rabat (Maroc)
« Après deux années à la FST d’Errachidia, et suite aux concours des grandes écoles d’ingénieurs, j’ai rejoint l’Ecole Nationale de l’Industrie Minérale de Rabat (ou ENIM, aujourd’hui renommée « Ecole Nationale Supérieure des Mines de Rabat »), une des plus prestigieuses écoles d’ingénieurs du Royaume Chérifien. En effet, il est possible d’intégrer un cursus d’ingénieurs sans pour autant passer par les classes préparatoires classiques ; à l’instar de mon propre parcours, il suffit de valider son DEUG ou son DEUST (équivalent bac + 2 années d’études supérieures) avec une bonne moyenne (une très bonne, ma foi, c’est encore mieux !) et bien sûr de réussir aux concours. Donc pour les plus motivés, armez-vous de courage !
Le choix de l’ENIM a été sans appel : je voulais être ingénieur des mines et assurer la relève dans les mines nigériennes. Il faut dire qu’à l’époque le contexte minier était des plus prometteurs, des investissements colossaux étaient au rendez-vous, notamment avec le groupe Areva. Dès mes premiers jours à l’ENIM, j’ai tout de suite apprécié l’école ; à l’exception, bien entendu, de l’horrible période de bizutage. Notons qu’en plus d’offrir une scolarité gratuite à ses élèves ingénieurs, l’ENIM fait partie de la liste des écoles reconnues pour la richesse des activités socioculturelles qu’elle propose.
Après deux année d’études à l’ENIM, étant très bien classé, j’ai été retenu pour une formation permettant l’obtention d’un double diplôme d’ingénieurs en France, dans le cadre d’un partenariat entre l’ENIM et certaines grandes écoles françaises. L’idée de ce partenariat est de réaliser deux années dans chacune des deux écoles pour finalement obtenir les deux diplômes des deux écoles : une opportunité à saisir sans trop se poser de questions ! L’inscription offre d’office une scolarité gratuite (à l’exception des frais d’assurance maladies qui demeurent obligatoires en France) aux heureux retenus. J’avais alors le choix dans une panoplie d’écoles toutes aussi prestigieuses les unes des autres : l’Ecole Centrale de Lyon, L’Ecole des Mines de Saint-Etienne, l’INSA de Lyon, les Mines d’Alès, etc. Mon choix s’est finalement porté vers l’Ecole Centrale de Lyon, et ce pour deux raisons : la première porte sur le classement de l’école parmi les écoles les mieux cotées (6ème derrière les plus prestigieuses écoles parisiennes, selon le palmarès L’Etudiant 2010 des écoles d’ingénieurs que j’avais consulté alors ; l’école se place aujourd’hui en 3ème place en terme d’excellente académique, selon le même classement) et la deuxième sur l’option génie civil qu’elle proposait. Je souhaitais en effet préparer un second diplôme dans un domaine aussi proche possible que celui du premier. »
L’Ecole Centrale de Lyon (France)
« A la rentrée 2011-2012, j’effectuais mes premiers pas à l’Ecole Centrale de Lyon. L’accueil et le suivi d’intégration lors de la première semaine sont assurés chaleureusement par le BDE (Bureau des Elèves) : inscription, remise de livrets d’information, visite découverte à travers Lyon, pique-nique au parc de Miribel, etc.
Des cours magistraux aux travaux dirigés, en passant par les travaux pratiques, la formation centralienne est très dense. Cette formation dite généraliste, permet aux élèves centraliens d’étudier et de découvrir plusieurs domaines dans un temps resserré : mécanique, mathématiques, informatique, matériaux, management, électronique-électrotechnique-automatique, biologie, nanotechnologies, etc. L’objectif est de former de futurs responsables capables de s’adapter à toutes les situations. L’Ecole Centrale de Lyon offre par ailleurs la possibilité d’accéder à la bourse CMIRA (Bourse de Coopération et Mobilité Internationale de la région Rhône-Alpes), dont j’ai pu bénéficier pendant ma seconde année d’études à l’école.
A l’instar de toutes les formations d’ingénieurs de renom, les stages d’été sont obligatoires : 1 mois minimum en première année, 3 mois minimum en deuxième année et 6 mois en dernière année. Ayant intégré l’école en deuxième année, j’ai réalisé mon premier stage, d’une durée de quatre mois, et mon stage de fin d’étude (6 mois) au sein de l’entreprise SCANSCOT Technology. Il s’agit d’un bureau d’étude suédois implanté à Lyon, très à la pointe en matière de calcul par la méthode des éléments finis (vérification de résistance des structures, résistance aux séismes, calcul thermique, calcul d’impact, résistance à la fatigue, etc.), dans le secteur du génie civil. Ces stages m’ont offert l’opportunité de percer le secret des éléments finis, au travers de l’utilisation du progiciel ABAQUS, mais également de découvrir la Suède grâce à plusieurs séjours au siège social de l’entreprise. »
Entrée dans la vie professionnelle
« Fin septembre 2013, je parachevais ma formation par l’obtention de mes deux diplômes : ingénieur des mines de l’Ecole Nationale de l’Industrie Minérale et ingénieur généraliste de l’Ecole Centrale de Lyon. En octobre 2013, je suis recruté en tant qu’ingénieur structure et mécanique par le bureau d’étude SCANSCOT Technology, avec lequel j’avais donc déjà collaboré pendant presque deux années. Je poursuis aujourd’hui mon parcours professionnel au sein de l’entreprise APTISKILLS, implantée principalement en Ile de France, Rhône-Alpes et PACA (région Provence Alpes Côte d’Azur), en tant qu’ingénieur calcul (code éléments finis ANSYS) orienté génie civil. Comme dans de nombreuses entreprises françaises, le processus de recrutement s’est déroulé en deux étapes : entretien avec les ressources humaines, puis validation technique avec les managers et / ou chefs de projets. »
Mes projets et suggestions
« A court terme, je me concentre sur l’acquisition d’expériences professionnelles me permettant d’atteindre le niveau de chef de projet confirmé. A plus long terme, j’envisage de développer au Niger l’utilisation de la méthode des éléments finis, où elle demeure aujourd’hui quasi inexistante, en créant, par exemple, une entreprise spécialisée en la matière.
Pour conclure ce portrait, je dirais qu’en chacun de nous se trouvent des potentialités. Chez certains, ces potentialités se matérialisent naturellement avec une certaine aisance, mais chez la plupart d’entre nous il faut travailler à les révéler. Mes suggestions ? Fixons-nous des objectifs, ayons confiance en nous-mêmes, soyons patients, endurants et disciplinés, persévérons et la réussite viendra d’elle-même ! »
Source ONG OSE Niger
Source ONG OSE Niger
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