Jeunes et paix

Couturière retournée de Libye

Elle s’appelle Ghaicha Ghabdouane. Elle a 33 ans et est mère decinq enfants. Elle habite au quartier Sabon Gari d’Agadez. Elle a vécu quelques années en Libye avant de revenir à Agadez lorsque la guerre aéclaté dans son pays d’accueil. «Je gagnais bien ma vie en Libye où je vivais avec mon mari. On étaittranquilles quand, soudain, tout a basculé. Ici, nous manquons presque du minimum. On n’a pas de travail. On partage la même machine à coudre avec mon mari.» Comme pour tant d’autres à Agadez, l’exode en Libye était la seule façon de se réaliser et de prétendre à une vie meilleure. Ghaicha a des regrets : «Rester ? D’accord ! Mais pour quoi faire ? Faire vivre ma famille avec quoi ? Je suis une retournée de la Libye, c’est vrai, mais je regrette d’être revenue ! Je n’attends que l’aide promise. Si elle ne vient pas, je repars !» Ghaicha a été retenue pour un stage en couture de quatre mois. Après cette formation, elle recevra un kit contenant des machines à coudre, des pagnes, et bien d’autresaccessoires nécessaires à sa nouvelle entreprise . Ghaicha attend : «Seul l’espoir que l’on va bientôt m’aider me retient dans cette ville.»

Un kit menuiserie pour commencer

«Nous sommes des centaines à revenir de la Libye. Parmi nous, 15 ont bénéficié de kits menuiserie», explique Ousmane Maïguizo, 32 ans, plus connu sous le sobriquet de Mani Padekoi. Calme derrière sa table de travail, il regarde son petit apprenti. L’histoire du jeune Ousmane ressemble à toutes celles de ces jeunes gens d’Agadez qui n’ont eu que la Libye pour horizon. «Nous la jeunesse d’Agadez, nous n’avons eu que la Libye comme pays d’exode. Aujourd’hui la guerre a tout détruit», dit-il. «Je vous assure que l’essentiel reste à faire : il nous faut un fonds de démarrage.» En effet, si chacun a bénéficié d’un kit de départ, dit Ousmane, «la clientèle se fait rare et les charges du loyer et de l’électricité causent problème.» Les yeux au ciel, il affirme cependant garder espoir. «Tout peut changer d’un jour à l’autre. Dieu est grand !»

Jardinier bientôt marié 

Les rides profondes autour des yeux donnent à Aboubacar Kindimawa davantage que ses 33 ans. Son visage buriné traduit la rudesse du métier qu’il a choisi : jardinier. Quatre ans après avoir tout quitté pour rejoindre les montagnes de la rébellion, le jeune homme ne fait que regretter. Ex-combattant et célibataire, il s’est reconverti au jardinage grâce à l’ONG Telimssi, à Tajajarat, un village à quatre km au nord-ouest d’Agadez. «Avec les semences, les engrais et un peu d’argent que j’ai reçu, j’ai désormais de quoi me nourrir et même épargner pour pouvoir me marier bientôt ! » Aboubacar ne se détournera plus de son nouveau métier. «Avec mon jardin, je gagne ma vie honnêtement, à la sueur de mon front. J’ai regretté toutes ces années perdues à attendre l’aide de l’Etat.» Bonnet en paille planté sur la tête, il contemple, admiratif, son jardin fleuri de plants d’oignon. «Si j’arrive à bien vendre ma récolte de cette année, je vous promets que, la prochaine fois, c’est ma femme qui vous donnera à boire.»

1 commentaires :

  1. Ces reportages et témoignages ont été réalisés par l'ORTN, en collaboration avec les Nations unies, lors de la dernière édition de la Cure salée, à Ingall, en septembre 2012. Nous pouvons et devons faire bien plus pour donner une voix - et un visage - aux jeunes filles et garçons du nord du Niger. Keep it up !

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