Le phénomène des « palais »,
sorte de gangs violents d’adolescents filles et garçons, apparu à Zinder au
début de la décennie, s’est peu à peu répandu vers l’Est, région négligée par
les autorités et les partenaires au développement. Ces groupes d’adolescents oisifs, le
plus souvent rejetés et maltraités par leur famille, commettent vols, viols et
attaques ciblées pour obtenir l’argent nécessaire à la survie du groupe, et à
sa réputation violente. Inspirés par les chanteurs de rap français dont ils
regardent les clips video sur Internet et la télévision, la plupart d’entre eux
porte des armes blanches (machette, couteau et poings américains), prend des
stupéfiants et des analgésiques puissants et participe aux opérations de
représailles contre les autres gangs et « ceux qui leur manquent de
respect ». Seuls certains d’entre
eux vont à l’école, mais tous aspirent à trouver un travail qui leur
permettrait de subvenir à leurs besoins immédiats. Le groupe explique cette
dérive violente par l’influence des Palais de Zinder et de la secte Boko Haram,
qui les a engagés vers une forme d’engagement plus radicale. Ces groupes ont
leur pendant féminin. Les garçons assurent également la protection des
professionnelles du sexe, qu’ils monnayent.
Selon une étude conduite par l’Unicef en 2012, ces
phénomènes de violence en milieu jeunes remonterait à cinq ans, voire plus. Il
faut en rechercher l’origine dans plusieurs facteurs : l’avènement de la
démocratie, la pauvreté et la crise économique (problématique de la recherche
de la pitance quotidienne), les crises du système scolaire, la croissance
urbaine (croissance démographique et spatiale), les insuffisances de la
gouvernance en matière de politique de jeunesse et la fuite de responsabilité
des parents – voire la maltraitance des enfants. L’origine modeste, voire
extrêmement pauvre des parents, oblige les jeunes à se prendre très tôt en
charge pour leur nourriture, leurs soins et leur éducation. Tous recherchent
des opportunités d’emplois et de formations qui leur permettrait d’être
autonomes vis-à-vis de leur famille et du Palais.
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