C’est devenu quasiment une tradition. Chaque 9 février de l’an, les scolaires sortent des classes pour battre le macadam dans les rues des principales villes du pays afin de rendre hommage aux martyrs et réclamer justice ainsi que des meilleures conditions de vie et d’études. Aujourd’hui, cela fait vingt deux (24) ans, mais les étudiants n’ont pas oublié leurs trois camarades tués froidement par les forces de sécurité. Ils se souviennent également des blessés dont certains handicapés à vie comme Adam Maina.
Commémorée ce lundi 10 février afin de drainer plus de scolaires,
la manifestation de cette année est placée sous le thème de la lutte permanent
pour la conquête des acquis. Occasion pour Younoussi Abdouramane, SG de l‘union
des étudiants nigériens à l’université de Niamey de rappeler les problèmes auxquels
les étudiants nigériens sont confrontés notamment l’implantation du système d’enseignement
LMD qui peine à devenir effectif dans nos universités, ou encore le problème d’infrastructures
et le manque d’enseignants influant ainsi sur le résultat académique.
Les orateurs qui se sont succédés à la tribune de fortune n’ont
pas manqué de rappeler que cette marche des scolaires réprimée dans le sang a
été le détonateur du mouvement de contestation sociale qui a forcé les
autorités de l’époque à ouvrir le pays au multipartisme et à la démocratie.
Avant de se disperser dans la discipline, les élèves et
étudiants ont exigé la traduction devant les tribunaux des assassins et
complices de l’assassinat de leurs camarades. Comme à l’accoutumée, cette
exigence est accompagnée d’une série de revendications.
Pour rappel, la marche pacifique du 9 février 1990 avait pour
objectif d’appuyer la plate forme revendicative des élèves et étudiants
notamment son volet projet éducation III de la Banque Mondiale. Elle était
partie du campus universitaire en direction de la rive gauche du fleuve. Mais,
les étudiants ont été bloqués sur le pont Kennedy par les forces de sécurité
qui, incapables de disperser les manifestants, ont usé des armes à feu. Toute
la journée, les forces de sécurité et les étudiants avaient joué au chat et à
la souris dans les quartiers de la rive droite du fleuve qui abritent les
résidences universitaires. Revenu à la nuit tombée d’un voyage à Banjul, le
Général de Brigade Ali Saibou, chef de l’Etat a qualifié la répression de la
manifestation pacifique de « bavure policière », une sortie
médiatique qui, loin d’apaiser les esprits, a attisé la colère des parents
d’élèves.
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